Classement Clarivate 2024 : 2 chercheurs de l'IHU ICAN parmi les plus cités au monde !
Classement Clarivate 2024 : 2 chercheurs de l’IHU ICAN parmi les plus cités au monde !
Le classement “Highly Cited Researchers” de Clarivate met en avant les chercheurs avec une forte influence au niveau mondial, avec des publications scientifiques hautement citées au cours de la dernière décennie. Il regroupe les 1% des chercheurs les plus cités dans le monde.
Nous félicitations chaleureusement le Pr Vlad Ratziu et le Pr Alain Combes, membres de la communauté de l’IHU ICAN, qui figurent dans ce classement 2024 !
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Le Pr Vlad Ratziu (Gastro-entérologie et hépatologie)
Les recherches du Pr Ratziu portent sur les maladies métaboliques du foie, principalement la stéatose hépatique métabolique (foie gras).
Il a participé à des essais thérapeutiques sur la stéatohépatite métabolique menés avec l’IHU ICAN et l’AP-HP, et a publié plus de 300 articles dans de nombreuses revues internationales.
Le Pr Ratziu a coordonné le consortium Fatty Liver Inhibition of Progression (FLIP), qui visait à étudier à la fois les mécanismes de progression de la maladie du foie dans la stéatose métabolique et les interventions thérapeutiques, en s’appuyant sur l’une des plus grandes cohorte de patients en Europe.
Il est co-Editeur du Journal of Hepatology, le Journal officiel de l’Association Européenne de l’Etude sur le Foie (EASL).
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Le Pr Alain Combes (Médecine intensive – réanimation)
Les recherches du Pr Alain Combes portent sur le soin aux patients cardiaques gravement malades, l’assistance circulatoire mécanique et oxygénation par membrane extracorporelle, les thérapies de sauvetage en cas d’insuffisance respiratoire grave, et les infections chez les patients en état critique.
Le Pr Combes est membre de de la Société européenne de médecine intensive (ESICM), la Société américaine de thoracologie (ATS), la Société européenne de cardiologie (ESC), l’Association pour les soins cardio-vasculaires aigus (ESC-ACVC) où il est membre du conseil d’administration, l’Organisation pour l’assistance respiratoire extracorporelle (ELSO) où il est l’ancien président de l’EURO-ELSO, le réseau international ECMO (ECMONet) et la Société de Réanimation de Langue Française (SRLF).
Le Pr Combes est Rédacteur en chef adjoint de la revue Intensive Care Medicine.
Découverte sur le lien entre la tétraspanine CD63 et le transport du cholestérol
Découverte sur le lien entre la tétraspanine CD63 et le transport du cholestérol
Les plateformes ICAN Omics Lipidomics (Dr Marie Lhomme) et ICAN I/O (Dr Maharajah Ponnaiah) ont contribué à une récente publication scientifique parue le 17 juin 2024 dans Nature Cell Biology, une revue à haut facteur d’impact, aux côtés du Dr. Anatol Kontush (UMRS 1166 – IHU ICAN).
Les travaux de recherche ont porté sur le rôle de la tetraspanine CD63, composant important des vésicules extracellulaires, dans le transport intercellulaire du cholestérol.
Les vésicules extracellulaires (telles que les exosomes) sont reconnues comme des acteurs clés de la communication intercellulaire et leur rôle est influencé par certaines protéines et certains lipides enrichis lorsqu’ils sont générés en tant que vésicules intraluminales dans les endosomes multivésiculaires.
Les résultats du projet de recherche
- Il a été démontré que la tétraspanine CD63 transporte le cholestérol vers les vésicules intraluminales dans les cellules et génère ainsi un pool qui peut être mobilisé par le complexe NPC1/2, et exporté, via les exosomes, vers les cellules réceptrices.
- En l’absence de CD63, le cholestérol est extrait des endosomes par transport vésiculaire dépendant de l’actine.
- Le CD63 et le cholestérol sont donc au centre d’un équilibre entre bourgeonnement interne ou externe des endomembranes.
- Ces résultats établissent donc que la tétraspanine CD63 est un élément clé du transport endosomal des lipides et montrent que les vésicules intraluminales et les exosomes constituent une voie alternative de transport du cholestérol cellulaire.
Découverte sur le tissu adipeux épicardique : mieux prévenir la cardiomyopathie métabolique atriale grâce à l’IRM
Découverte sur le tissu adipeux épicardique : mieux prévenir la cardiomyopathie métabolique atriale grâce à l’IRM
Les équipes de recherche de l’IHU ICAN ont démontré avec succès la faisabilité d’isoler et de mesurer le tissu adipeux épicardique pur (TAE) des sillons atrioventriculaires à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) cardiovasculaire réalisée en routine, afin de mieux évaluer la cardiomyopathie atriale et peut-être à terme identifier de manière plus précoce les risques de fibrillation atriale.
Les résultats ont été publiés le 14 juin 2024 dans la revue European Heart Journal – Imaging Methods and Practic : « The Adipose Tissue Confined in the Atrio-Ventricular Groove can be used to Assess Atrial Epicardial Adipose Tissue and Atrial Dysfunction during Cardiac Magnetic Resonance Imaging ».
Le tissu adipeux épicardique (TAE) : un biomarqueur de la fibrillation auriculaire (FA) difficile à isoler
Le tissu adipeux épicardique (TAE) connait un intérêt croissant dans la recherche médicale, pour mieux comprendre et traiter les maladies cardiovasculaires, et plus largement les maladies cardiométaboliques.
- Le TAE est un tissu adipeux ectopique au contact du myocarde (muscle cardiaque), qui entoure les artères coronaires.
- Il est notamment utilisé comme biomarqueur de la fibrillation auriculaire (FA), 1ère cause cardiaque d’accidents vasculaires emboliques (AVC) entrainant une morbidité et une mortalité importantes au sein de la population.
Toutefois, l’utilisation du tissu adipeux épicardique comme biomarqueur dans ce cadre reste limité, car il est difficile à isoler des autres tissus adipeux paracardiaques.
Les équipes de l’IHU ICAN ont donc mené un projet de recherche afin de tester la faisabilité et la valeur de la mesure du tissu adipeux épicardique pur contenu dans le sillon auriculo-ventriculaire (GEAT), à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) cardiovasculaire, chez des patients présentant des troubles métaboliques distincts.
Méthode et résultats du projet de recherche
- La plateforme ICAN Imaging a réalisé une IRM cardiovasculaire sur 100 patients de la cohorte MetaCardis (INSERM), présentant des critères d’obésité, de syndrome métabolique et de diabète de type 2, et sur des témoins sains appariés sur l’âge et le sexe.
- Une forte corrélation entre le volume du tissu adipeux du sillon atrio-ventriculaire (GEAT) et le tissu adipeux épicardique (TAE) auriculaire a été obtenue. Le volume du GEAT était plus élevé dans les 3 groupes de patients atteints de troubles métaboliques et a permis de les identifier par rapport aux témoins après ajustement à la masse corporelle.
- Grâce aux méthodes de régression logistique et d’apprentissage automatique (machine learning) utilisés par la plateforme ICAN I/O, un algorithme a également été créé pour identifier les patients atteints de diabète de type 2.
Les résultats suggèrent que le tissu adipeux du sillon auriculo-ventriculaire, mesuré au cours d’un examen d’IRM de routine, peut servir de substitut au TEA atrial, et être intégré dans un biomarqueur d’imagerie multiparamétrique pour améliorer l’évaluation et la détection précoce de la cardiomyopathie atriale chez les patients diabétiques.
Cette stratégie innovante ouvre également de nouvelles voies pour l’identification précoce des risques de fibrillation atriale, en particulier chez les patients atteints de diabète de type 2, d’obésité et de syndrome métabolique.
Les acteurs impliqués dans le projet
- Jonathan Bialobroda, Interne de Cardiologie, Hôpital Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Sorbonne Université
- Khaoula Bouazizi, Responsable opérationnelle de la plateforme ICAN Imaging, IHU ICAN, Ingénieur de recherche, Laboratoire d’Imagerie Biomédicale (LIB), Inserm
- Maharajah Ponnaiah, Responsable de la plateforme ICAN Data I/O, IHU ICAN
- Nadjia Kachenoura, Team leader, Laboratoire d’Imagerie Biomédicale (LIB), Sorbonne Université, Inserm, CNRS
- Etienne Charpentier, Radiologue en imagerie cardiovasculaire, Hôpital Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Sorbonne Université
- Mohamed Zarai, Ingénieur en imagerie médicale (IRM et CT-Scan), Développeur logiciel, IHU ICAN
- Pr Karine Clément, Team leader unité Nutriomics, PU-PH, service de Nutrition, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, IHU ICAN
- Pr Fabrizio Andreelli, unité Nutriomics, service de diabétologie-métabolisme, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, IHU ICAN
- Pr Judith Aron-Wisnewsky, unité Nutriomics, service de Nutrition, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, IHU ICAN
- Pr Stéphane Hatem, Directeur IHU ICAN, Cardiologue, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP
- Pr Alban Redheuil, Responsable ICAN Imaging, IHU ICAN, PU-PH, Institut de Cardiologie, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Laboratoire d’Imagerie Biomédicale (LIB), Sorbonne Université, Inserm, CNRS
Résultats de l’essai clinique MAESTRO-NASH : un nouvel espoir de traitement de la MASH (NASH) avec fibrose hépatique
Résultats de l’essai clinique MAESTRO-NASH : vers un espoir de traitement de la MASH (NASH) avec fibrose hépatique ?
La stéatohépatite métabolique ou MASH (anciennement NASH) est une maladie hépatique progressive pour laquelle il n’existe pas de traitement approuvé. Pourtant, la « maladie du foie gras » touche 25% de la population mondiale et on estime qu’1 patient sur 5 avec une MAFLD (stéatose hépatique associée à un trouble métabolique ) va développer une MASH.
Médicament administré par voie orale et ciblé sur le foie, le resmetirom est un agoniste bêta-sélectif du récepteur de l’hormone thyroïdienne. Ce traitement en cours de développement est utilisé dans le traitement de la MASH accompagnée d’une fibrose hépatique (qui touche environ 1,5% de la population générale).
Le Pr Vlad Ratziu (Hépatologue, AP-HP, Sorbonne Université, Inserm, IHU ICAN) a participé en tant que co-investigateur principal à la réalisation d’un nouvel essai clinique de phase III sur l’efficacité du resmetirom dans le traitement de la MASH.
Les résultats ont été communiqués le 8 février 2024 dans la prestigieuse revue scientifique The New England Journal of Medicine : « A Phase 3, Randomized, Controlled Trial of Resmetirom in NASH with Liver Fibrosis ».
Le 14 mars 2024, la FDA (Food and Drug Administration) a autorisé l’utilisation du resmetirom comme 1er médicament destiné à traiter la stéatohépatite métabolique (MASH) !
La méthodologie : un essai clinique de phase 3 sur des patients atteints de MASH (NASH) avec fibrose
- La résolution de la MASH (NASH), sans aggravation de la fibrose, a été obtenue chez :
- 25,9 % des patients du groupe recevant 80 mg de resmetirom,
- 29,9 % de ceux du groupe recevant 100 mg de resmetirom,
- contre 9,7 % de ceux du groupe placebo.
- Une amélioration de la fibrose d’au moins un stade, sans aggravation du score d’activité de la MAFLD (NAFLD), a été obtenue chez :
- 24,2 % des patients du groupe recevant 80 mg de resmetirom,
- 25,9 % de ceux du groupe recevant 100 mg de resmetirom,
- contre 14,2 % de ceux du groupe placebo.
- L’évolution du taux de cholestérol à lipoprotéines de basse densité entre le début de l’étude et la semaine 24 a été de :
- -13,6 % dans le groupe recevant 80 mg de resmetirom
- -16,3 % dans le groupe recevant 100 mg de resmetirom,
- contre 0,1 % dans le groupe placebo.
- L’incidence des événements indésirables graves a été similaire dans tous les groupes de l’essai :
- 10,9% dans le groupe resmetirom 80 mg,
- 12,7% dans le groupe resmetirom 100 mg,
- 11,5% dans le groupe placebo.
- Les diarrhées et les nausées ont été plus fréquentes avec le resmetirom qu’avec le placebo.
La dose de 80 mg et la dose de 100 mg de resmetirom ont été supérieures au placebo en ce qui concerne la résolution de la NASH et l’amélioration de la fibrose hépatique d’au moins un stade.
Une avancée pour le traitement médicamenteux de la MASH (NASH)
Cet essai permet d’ouvrir de nouvelles perspectives dans la création d’un traitement pour lutter contre la stéatohépatite non alcoolique ou MASH, dont la prévalence est en augmentation année après année dans le monde.
En effet, cette maladie cardiométabolique peut entrainer d’autres pathologies graves, en raison des dysfonctionnements du métabolisme observés chez les malades :
- En fonction de la présence des facteurs de risque, la prévalence de la NAFLD varie de 5.2% chez les sujets non diabétiques et au poids normal, à 90% chez les sujets diabétiques et obèses.
- Parmi les patients avec NAFLD, la prévalence de la fibrose avancée est estimée à 2.5%, ce qui correspond à environ 230 000 personnes pour la population de la France Métropolitaine.
- Ces chiffres sont renforcés par l’épidémie d’obésité et du diabète de type 2, en France et dans le Monde.
Les experts de l’IHU ICAN développent des projets de recherche de pointe pour développer la médecine de demain dans les maladies cardiométaboliques.
Spécialiste de la stéatohépatite métabolique (MASH), le Pr Vlad Ratziu a participé à de nombreux essais thérapeutiques sur cette pathologie, et a publié plus de 300 articles dans de nombreuses revues internationales. Il exerce au sein de la clinique NASH de l’IHU ICAN, qui propose un parcours de soin innovant et personnalisé pour optimiser le diagnostic et la prise en charge de stéatose hépatique non-Alcoolique.
Un nouvel outil de diagnostic pour améliorer les essais cliniques sur la MASH (NASH) ou "maladie du foie gras"
Un nouvel outil de diagnostic pour améliorer les essais cliniques sur la MASH (NASH), ou « maladie du foie gras »
Dans les essais cliniques portant sur les médicaments, la biopsie hépatique est aujourd’hui l’examen requis pour diagnostiquer la stéatohépatite métabolique ou MASH (anciennement appelée NASH). Cette affection, également surnommée « maladie du foie gras », est une maladie du foie qui touche plus de 18% de la population française.
Cependant, la biopsie hépatique est un examen invasif et souvent craint par les patients, rendant difficile la réalisation des essais thérapeutiques.
Le Pr Vlad Ratziu, hépatologue et enseignant-chercheur reconnu dans le traitement de la MASH, a participé à un projet de recherche visant à proposer des solutions alternatives grâce à l’utilisation d’un test sanguin appelé NIS2+™.
Découvrez ci-dessous les principaux enseignements de sa publication scientifique « NIS2+TM as a screening tool to optimize patient selection in metabolic dysfunction-associated steatohepatitis clinical trials », publiée le 5 décembre 2023 dans le Journal of Hepatology.
Qu’est-ce que la MASH ou stéatose hépatique ?
Aujourd’hui, 18,2%* de la population française sont touchés par une stéatose hépatique (MASH – anciennement NASH), une maladie du foie due à une accumulation de graisse d’origine métabolique, indépendante de la consommation d’alcool ou des hépatites virales *(source : cohorte Constances de l’INSERM). Ce chiffre pourrait atteindre 24% d’ici 2030.
Cette maladie cardiométabolique est très souvent la conséquence d’un mode de vie trop sédentaire, associé à un régime alimentaire trop riche en graisses et en sucres. Le risque est une évolution vers des maladies graves comme la cirrhose ou le cancer du foie.
Les personnes atteintes de la MASH sont souvent asymptomatiques et présentent un risque plus important de développer des maladies cardiovasculaires, de l’hypertension artérielle ou du diabète.
La méthode : l’utilisation du test NIS2+™ dans le diagnostic
Une meilleure sélection des patients en amont de la biopsie hépatique permettrait de réduire le taux d’échec dans les essais cliniques.
Les biomarqueurs de fibrose standards (FIB)-4 ne permettent pas de détecter les formes évolutives de la stéatohépatite métabolique (MASH).
Le travail mené par GENFIT, en collaboration avec l’IHU ICAN, a donc comparé les performances du dépistage intégrant le test NIS2+™, basée sur une prise de sang, par rapport aux pratiques actuelles qui consistent à biopsier les patients simplement sur la base de renseignements cliniques peu spécifiques.
Ce test NIS2+™ a été mis au point par la société française biotechnologique GENFIT, à partir d’une large base de données internationale collaborative. Il permet de réduire le nombre de biopsies en ciblant mieux les patients susceptibles d’avoir la maladie recherchée, et de réduire les coûts de réalisation de ces essais.
Une analyse de simulation rétrospective a été menée dans le parcours de diagnostic de la cohorte RESOLVE-IT, en intégrant le calcul et la comparaison des éléments suivants :
- Taux d’échec de la biopsie hépatique,
- Nombre de patients nécessaires au dépistage,
- Estimations du coût global des différents parcours,
- Analyse des biais de recrutement potentiels en fonction de l’histologie, du sexe, de l’âge ou des comorbidités.
Les résultats : une meilleure utilisation des biopsies hépatiques
Cette étude a démontré que l’utilisation du test NIS2+™ dans la sélection des patients pour la biopsie hépatique permettait de réduire considérablement les biopsies inutiles et les coûts de dépistage, ce qui pourrait grandement améliorer la faisabilité des essais cliniques pour lutter contre la MASH.
La cohorte analysée comprenait 1 929 patients, dont 40 % avec une MASH à risque. L’utilisation du NIS2+™ a permis de réduire significativement le taux d’échec de la biopsie hépatique (39 %) par rapport à des biomarqueurs non-spécifiques (58 %) ou au parcours de diagnostic clinique seul (60 %). Ceci s’accompagne d’une réduction significative des coûts associés.
Le test NIS2+™ est un outil de dépistage précis et fiable qui pourrait améliorer le recrutement des patients dans les futurs essais cliniques MASH, et augmenter le confort et la sécurité pour les patients, tout en optimisant la réalisation de l’essai et sa rentabilité.
La clinique NASH (MASH) de l’IHU ICAN
Pour améliorer le diagnostic et la prise en charge plus précoce de la MASH (NASH), les équipes de l’AP-HP et de l’IHU ICAN ont mis en place la clinique NASH en 2019, dirigée par le Pr Vlad Ratziu et le Dr Raluca Pais.
Ce parcours de soins intégré a pour objectif d’optimiser le diagnostic, informer les patients (éducation thérapeutique) et initier une prise en charge globale des personnes atteintes de stéatose hépatique, avec en particulier un diagnostic de toutes les maladies associées (diabète de type 2, hypertension artérielle, dyslipidemies, risque d’infarctus cardiaque ou d’AVC).
L’objectif final est de ralentir, voire stopper, l’évolution de la MASH vers des formes graves (cirrhose, cancer du foie), nécessitant des interventions lourdes comme la greffe du foie.
MEDITWIN : l’utilisation du jumeau numérique pour développer la médecine personnalisée de demain
MEDITWIN : l’utilisation du jumeau numérique pour développer la médecine personnalisée de demain
Comment l’utilisation de jumeaux virtuels pourrait permettre d’améliorer la qualité des soins, au bénéfice d’une santé plus sûre et accessible pour tous ? C’est la mission de MEDITWIN, un consortium constitué de 7 Instituts Hospitalo-Universitaires (IHUs) dont l’IHU ICAN, du CHU de Nantes, d’Inria, des startups associées et de Dassault Systèmes, annoncé le lundi 11 décembre 2023 en présence du Président de la République Emmanuel Macron.
Grâce à des jumeaux virtuels personnalisés des organes, du métabolisme et des tumeurs cancéreuses, ce projet innovant permettra de proposer un diagnostic de risque de maladie cardiovasculaire pour les patients à haut risque, et d’aider au choix des traitements par les médecins spécialisés pour un suivi efficace des patients.
L’initiative MEDITWIN sera développée sur 5 ans, de 2024 à 2029. L’investissement des partenaires dans ce projet sera soutenu financièrement par l’Etat dans le cadre de France 2030.
À quel besoin médical répond MEDITWIN ?
« Les jumeaux numériques ouvrent la perspective d’une nouvelle médecine de précision et préventive des maladies cardiométaboliques en établissant pour chaque individu en fonction de ses facteurs de risques, notamment de sa signature génomique, son risque à venir de développer une maladie cardiovasculaire. Un tel projet nécessite un changement d’échelle de la recherche qui est aujourd’hui atteint grâce au projet piloté par Dassault Systèmes avec à bord tous les partenaires de MEDITWIN. »
Pr Stéphane Hatem, Directeur général de l’IHU ICAN et directeur de l’UMR 1166 Maladies cardiovasculaires et métaboliques
Les maladies cardiométaboliques, également connues sous le nom de maladies cardiovasculaires-métaboliques, font référence à un groupe de troubles interconnectés qui affectent le cœur et le système métabolique. Elles comprennent principalement : les maladies cardiovasculaires qui affectent le cœur et les vaisseaux sanguins (maladie coronarienne, hypertension artérielle…) et les troubles métaboliques (diabète de type 2, obésité, hypercholestérolémie, maladie stéatosique hépatique – MASH-(NASH)).
Les maladies cardiovasculaires sont la 1ère cause de mortalité dans le monde, représentant près de 18 millions de décès chaque année. En France, elles représentent la 2ème cause de décès en population générale avec près de 150 000 décès chaque année et la 1ère cause chez les femmes. Plus de 15 millions de personnes sont traités en France pour maladie, risque cardiovasculaire ou diabète, avec un coût de prise en charge annuel supérieur à 17 milliards d’euros.
À ce jour, le niveau de risque cardiovasculaire est évalué chez tous les patients symptomatiques et asymptomatiques à risque identifiés par leur médecin.
L’association entre certains marqueurs biologiques classiques (bilan lipidique classique, LDL-cholestérol) et le risque de maladie cardiovasculaire est incontestable. Néanmoins, à ce jour, l’utilisation de ces marqueurs en pratique médicale ne permet pas de stratifier finement cette population.
Sans outils de prédiction, il est difficile d’individualiser le suivi des patients et de choisir les traitements les plus appropriés, ainsi que les doses optimales, tout en réduisant les effets secondaires associés aux traitements (statines).
Des avancées techniques pas encore systématisées
La recherche scientifique et biomédicale a fait des avancées significatives dans ce domaine, en envisageant d’intégrer d’autres marqueurs basés sur l’imagerie et les données Omiques (métagénomique, métabolomique, lipidomique, protéomique).
L’avancée des techniques d’imagerie, telles que le scanner thoracique (grosses et petites artères), permet aujourd’hui une analyse fine non-invasive de l’atteinte vasculaire chez des patients sans maladie cardiovasculaire avérée.
En révélant la progression, la stabilisation ou la régression de la maladie et la prédiction de la qualité de réponse aux traitements, ces nouveaux indicateurs deviennent le moyen concret d’appliquer une prévention et des thérapeutiques ciblées en fonction du profil et de la biologie du patient.
L’hypercholestérolémie familiale (HF) est une cause importante de maladie cardiovasculaire prématurée et représente un modèle de progression accélérée de la pathologie. Suivre la trajectoire de ces patients est donc une opportunité d’accéder aux indicateurs de prédiction du risque dans une période restreinte.
Des données récentes ont montré que, même dans le cas de l’hypercholestérolémie familiale, l’utilisation de l’imagerie coronaire non invasive permet de prédire l’incidence des accidents cardiovasculaires chez les sujets asymptomatiques, avec un pouvoir prédictif élevé sur un suivi de moins de 3 ans.
Cependant, ces techniques ne sont pas pleinement intégrées dans les algorithmes de prise de décision et leur utilisation dans la pratique clinique n’est pas systématisée.
L’utilisation des jumeaux virtuels, pour une meilleure stratégie de traitement
Avec ce cas d’usage des jumeaux virtuels, l’ambition du consortium MEDITWIN est de développer un service de diagnostic de prédisposition personnalisée aux maladies cardiovasculaires et de sélectionner les meilleures stratégies de traitement, tout en intégrant l’environnement du patient tel que son microbiote intestinal et sa nutrition.
Les prédictions de tels jumeaux en termes de trajectoires et d’amélioration de ces dernières pourraient accompagner le praticien dans la prise en charge du patient, et aussi rendre plus tangible l’avenir de ce dernier en l’absence d’intervention afin d’améliorer son adhérence au traitement. Il sera ainsi possible de mesurer l’impact des solutions proposées par la réduction du nombre de patients avec événements cardiovasculaires (coronarien, cérébrovasculaire, artériel…).
Ces retombées seront positives pour le patient, qui bénéficiera d’une prise en charge adaptée à son risque individuel, en lien direct avec l’état d’avancement de la maladie, et pour les praticiens qui pourront profiter d’outils de repérage et de prise en charge précoce des maladies chroniques.
MEDITWIN permettra donc d’établir un modèle de jumeaux numériques pour suivre l’évolution du risque cardiovasculaire individualisé des patients avec hypercholestérolémie familiale grâce à une sélection de biomarqueurs pertinents.
Les jumeaux numériques permettront de clarifier la relation de cause à effet entre la micro et la macro-circulation dans un système cardiovasculaire sain pour ensuite mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques dus au vieillissement, à l’hypertension, au diabète, etc.
L’IHU ICAN lance son baromètre sur les maladies du cardiométabolisme avec l'IFOP
Maladies cardiométaboliques, tous concernés !
Pour mieux informer et sensibiliser la population sur une des causes majeures de décès en France, l’IHU ICAN lance son baromètre du cardiométabolisme (étude IFOP / IHU ICAN – septembre 2023), en s’appuyant sur sa forte expertise dans la recherche et la lutte contre les maladies cardiométaboliques.
- Quelles connaissances ont les Français du cardiométabolisme ?
- Quel est leur regard sur ces pathologies ?
- Sont-ils informés des causes et facteurs de risque ?
Véritable fléau de santé publique, les maladies cardiométaboliques (ou maladies du cardiométabolisme) sont en augmentation constante ces dernières années. Elles représentent aujourd’hui une cause majeure de décès en France et la 1ère cause de décès au niveau mondial (source : CépiDc/Inserm).
Elles regroupent de nombreuses maladies comme le diabète, l’obésité, les maladies cardiovasculaires (hypertension artérielle, thrombose, cardiomyopathies, AVC, insuffisance cardiaque), les maladies du foie (dont la stéatose métabolique hépatique ou maladie du foie gras), ou encore l’hypercholestérolémie.
Le fonctionnement de ces maladies chroniques reste encore trop méconnu du grand public, car le cardiométabolisme est une discipline émergente qui nécessite une recherche scientifique et médicale de pointe pour comprendre ces pathologies complexes et connectées entre elles, liées à un déséquilibre du métabolisme de l’individu et/ou à des facteurs génétiques. Elles sont très fréquentes et souvent diagnostiquées trop tardivement car elles se développent de façon silencieuse dans l’organisme.
Pourtant, les maladies cardiométaboliques nous concernent toutes et tous.
Quelques chiffres (en France) :
- Maladies cardiovasculaires : 5,3 millions de malades, plus de 140 000 morts par an
- Diabète : 4 millions de personnes traitées, 35 000 morts liées au diabète
- Obésité: 17% des adultes concernés par l’obésité, 47% par le surpoids
- Stéatose métabolique hépatique (NASH) : 18% de la population touchée, quasiment 24% en 2030 (estimation IHU ICAN)
Sources : ameli, Santé publique France
Les maladies cardiométaboliques, un fléau encore trop méconnu
Premier enseignement de cette étude, les maladies du cardiométabolisme sont assez mal identifiées par les Français : seulement 38% en ont entendu parler et 10% voient précisément de quoi il s’agit. Les jeunes femmes et les donateurs à la recherche médicale – deux publics traditionnellement plus au fait des questions de santé – sont un peu plus nombreux à déclarer connaitre les pathologies (45% et 55%).
Les 38% de Français qui indiquent connaitre ces maladies en ont en fait une connaissance partielle. S’ils identifient à juste titre l’insuffisance cardiaque (85%), l’hypertension artérielle (76%) ou encore l’accident vasculaire cérébrale (67%) comme étant des maladies du cardiométabolisme, ils sont moins d’1 sur 2 à savoir que l’obésité (49%), l’hypercholestérolémie (47%) ou encore le diabète (37%) appartiennent également à cette famille de maladies. La stéatose hépatique non alcoolique (20%) et la cirrhose (12%) sont encore moins rattachées à cette famille.
Corollaire de cette mauvaise connaissance des maladies du cardiométabolisme, leur contribution aux décès en France est sous-estimée : 15% des Français la déclarent comme principale cause de décès en France, alors qu’elle représente bien l’une des principales causes après le cancer, et la 1ère cause de décès dans le monde.
Les maladies du cardiométabolisme perçues comme graves et en augmentation
Après avoir expliqué aux répondants ce que sont les maladies du cardiométabolisme, 82% des sondés s’accordent très largement pour dire qu’il s’agit de pathologies graves, 73% pensent qu’elles sont en augmentation sur les dix dernières années, et 73% qu’elles sont répandues dans la population française. En revanche, le caractère chronique de ces pathologies semble être majoritairement méconnu, avec 57% des sondés qui expliquent qu’on peut en guérir aujourd’hui.
Relevons également qu’1 Français sur 2 estime que les maladies du cardiométabolisme sont principalement une affaire de responsabilité individuelle (50%), un résultat à mettre en lien avec le fait qu’elles sont perçues comme étant uniquement causées par le mode de vie.
Des mesures de prévention et des facteurs de risque bien identifiés
Autre enseignement de l’étude, les maladies du cardiométabolisme sont très largement perçues par les Français comme étant causées par le mode de vie, cette cause étant la première citée (51%), loin devant les prédispositions génétiques (13%) ou encore les facteurs environnementaux tels que la pollution (6%).
Corollaire à cela, les Français estiment que les pouvoirs publics doivent avant tout lutter contre les maladies du cardiométabolisme par le biais de campagnes de sensibilisation de la population aux modifications des modes de vie (36%). À l’inverse, ils ne sont que 15% à évoquer la recherche scientifique et 12% l’amélioration des outils diagnostics, qui sont pourtant des leviers essentiels dans la connaissance et la lutte contre ces maladies.
Les Français identifient assez bien les mesures hygiéno-diététiques de prévention : ils estiment ainsi qu’une alimentation équilibrée (94%), la pratique d’une activité physique régulière (93%), le fait de ne pas fumer (92%) ou encore de ne pas trop consommer d’alcool (88%) sont efficaces pour prévenir la survenue de maladies cardiométaboliques.
Ils s’accordent également largement sur les facteurs de risque, en citant le fait d’être en surpoids (87%), d’être fumeur (86%), d’avoir une alimentation riche en graisse, en sel et en sucre (85%) ou un mode de vie stressant (82%).
Une crainte plus forte des Français concernant les maladies cardiovasculaires
Les résultats de l’étude montrent également que les jugements à l’égard des différentes pathologies du cardiométabolisme sont ambivalents, probablement parce que les représentations divergent selon le type de maladies.
Les maladies cardiovasculaires sont ainsi mieux identifiées comme étant des maladies du cardiométabolisme et suscitent beaucoup de craintes. Ce type de maladies est ainsi de loin celui qui suscite le plus d’inquiétudes (50%), loin devant l’hypertension artérielle (14%), le diabète (16%), l’obésité (11%), la stéatose hépatique non alcoolique (6%) ou l’hypercholestérolémie (3%).
Corollaire à cela, les Français estiment que ce sont ces maladies qui devraient faire l’objet d’une attention prioritaire de la part des pouvoirs publics (46%), devant l’obésité (26%), le diabète (15%), les maladies rares métaboliques (7%), l’hypercholestérolémie (3%) ou la stéatose hépatique non alcoolique (3%).
Un déficit d’informations à l’égard des maladies du cardiométabolisme
Seulement un peu plus d’un tiers des Français indiquent avoir déjà été informés concernant les maladies du cardiométabolisme (37%). Dans le détail, les plus de 65 ans (42%), les catégories aisées (48%) et les donateurs à la recherche médicale (50%) sont un peu plus nombreux à indiquer avoir été informés.
Le médecin constitue le principal vecteur d’informations sur ces maladies (57%), devant l’entourage (37%), les médias (29%) ou les campagnes de communication émanant des autorités.
Qui sommes-nous ?
Créé en 2011, l’IHU ICAN est une fondation de coopération scientifique dont l’objectif principal est de développer la médecine de demain pour combattre les maladies du cardiométabolisme. Situé au cœur du plus grand hôpital public d’Europe, la Pitié-Salpêtrière, l’IHU ICAN s’appuie sur les expertises de sa communauté scientifique (168 médecins, 261 chercheurs) et de ses 3 fondateurs pour mener ses missions : l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris), l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et Sorbonne Université.
Une question ? Contactez-nous :
- Francine TROCME
- Directrice Communication et Mécénat – IHU ICAN
- 06 81 64 97 88
- f.trocme@ihuican.org
Diabète de type 2 : découverte d’un lien entre le flux aortique et la graisse épicardique
Diabète de type 2 : découverte d’un lien entre le flux aortique et la graisse épicardique
Maladie chronique en forte augmentation, le diabète de type 2 (DT2) touche 3,5 millions de patients en France.
Nous savons aujourd’hui que cette pathologie est un facteur de risque cardiovasculaire, entrainant notamment une augmentation de la rigidité aortique (l’aorte, artère principale de l’organisme, ne possède alors plus les capacités suffisantes pour absorber la pulsation liée au flux sanguin porté par le cœur).
Pour améliorer le diagnostic précoce du DT2, les équipes de l’IHU ICAN ont mené un projet de recherche afin d’analyser le lien entre le flux aortique et la graisse épicardique dans une population de diabétiques de type 2 de l’étude clinique MetaCardis*.
Découvrez ci-dessous les conclusions de la publication scientifique « Associations of aortic stiffness and intra-aortic flow parameters with epicardial adipose tissue in patients with type-2 diabetes » parue le 26 mai 2023 dans Frontiers in Clinical Diabetes and Healthcare.
Une étude du flux aortique des patients atteints de DT2
Avec environ 1 million de personnes non diagnostiquées en France, les facteurs de risque du DT2 constituent des biomarqueurs pertinents à prendre en compte pour déceler la gravité métabolique et prédire l’évolution défavorable de la maladie.
L’objectif du projet était d’évaluer les paramètres du flux aortique chez les patients atteints de DT2 par rapport aux individus sains, afin d’évaluer le lien avec l’accumulation de tissu adipeux épicardique (TAE) en tant qu’indice de sévérité cardiométabolique chez les patients diabétiques.
- Inclusion de 36 patients atteints de DT2 et 29 volontaires sains
- Réalisation d’un examen IRM cardiaque et aortique dans l’Institut de Cardiologie de la Pitié-Salpêtrière
Quels sont les résultats ?
Dans notre étude, la rigidité aortique, représentée par une augmentation du volume du flux arrière et une diminution de la distensibilité, semble être liée au volume du tissu adipeux épicardique (TAE) chez les patients atteints de diabète de type 2 (DT2).
Le tissu adipeux épicardique (TAE), biomarqueur de la sévérité métabolique, était plus élevé chez les patients atteints de DT2 que chez les témoins, et était négativement corrélé à la distensibilité de l’aorte ascendante et positivement au volume de flux de retour normalisé.
L’étude a permis de constater que le phénotype du ventricule gauche était caractérisé par un remodelage concentrique avec une diminution de l’indice de volume systolique malgré une masse globale du ventricule gauche dans une fourchette normale.
Légende : Illustration du tissu adipeux épicardique (en rouge) sur une image cine-SSFP de fin de diastole à axe court médio-ventriculaire d’un témoin sain (A) et d’un patient atteint de diabète de type 2 (B). L’épicarde et le péricarde sont respectivement mis en évidence par des lignes rouges et vertes.
Cette observation devrait être confirmée à l’avenir sur une population plus large en prenant en compte d’autres biomarqueurs spécifiques de l’inflammation et en utilisant un plan d’étude prospectif longitudinal.
Les acteurs de ce projet de recherche
- Khaoula Bouazizi (ICAN Imaging – IHU ICAN, Laboratoire d’Imagerie Biomédicale – LIB, INSERM)
- Mohamed Zarai, Mikaël Prigent (IHU ICAN)
- Dr Abdallah Noufaily (Unité d’Imagerie Cardiovasculaire et Thoracique – ICT)
- Thomas Dietenbeck, Emilie Bollache, Nadjia Kachenoura (Laboratoire d’Imagerie Biomédicale – LIB, INSERM)
- Dr Toan Nguyen, Dr Valéria Della Valle, Pr Eléonore Blondiaux (AP-HP, Service de radiologie, Hôpital Armand-Trousseau)
- Pr Karine Clément, Pr Judith Aron-Wisnewsky (Nutriomics – Nutrition et obésité : approches systémiques, Centre de Recherche en Nutrition Humaine – CRNH)
- Pr Fabrizio Andreelli (IHU ICAN, AP-HP, Service de diabétologie, Hôpital Pitié-Salpêtrière)
- Pr Alban Redheuil (ICAN Imaging – IHU ICAN, AP-HP, Laboratoire d’Imagerie Biomédicale – LIB – INSERM, Unité d’Imagerie Cardiovasculaire et Thoracique – ICT)
*Financé par l’Union Européenne et coordonné par l’Inserm, MetaCardis (Metagenomics in Cardiometabolic Diseases) est un projet de recherche majeur et innovant sur l’impact des changements de la flore intestinale sur l’apparition et la progression des maladies cardiométaboliques et liées à la nutrition. Il a été déployé en 2012 dans 6 pays européens avec l’appui d’un consortium de 14 partenaires. En savoir plus.
Comment optimiser la prise de décision pour l'implantation de défibrillateur dans la cardiomyopathie hypertrophique ?
Comment optimiser la prise de décision pour l’implantation de défibrillateur dans la cardiomyopathie hypertrophique ?
La cardiomyopathie hypertrophique (CMH) est une maladie cardiaque génétique qui touche environ 120 000 personnes en France. Elle représente une cause majeure de mort subite cardiaque, notamment chez les athlètes de moins de 35 ans.
Aujourd’hui, la seule prévention efficace de la mort subite cardiaque, en dehors de la restriction d’exercice, est le défibrillateur automatique implantable (DAI) mais les indications de son implantation restent controversées.
Pour répondre à cette problématique, le Pr Philippe Charron lance le projet OPTIM-HCM. Il a pour objectif principal d’améliorer la prise de décision en matière de DAI en développant un nouveau modèle de prédiction de la mort cardiaque subite dans la cardiomyopathie hypertrophique tout en se basant sur des biomarqueurs d’imagerie et de génétique.
Le contexte : comment améliorer la décision d’implanter un défibrillateur automatique ?
Qu’est-ce que la cardiomyopathie hypertrophique (CMH) ? Cette maladie est caractérisée par un épaississement anormal du muscle cardiaque (myocarde), qui raidit le muscle ventriculaire gauche et empêche ainsi la fonction de pompage du cœur.
- Symptômes : perte de connaissance, douleurs thoraciques, essoufflement, insuffisance cardiaque, etc.
- Complications possibles : arythmie auriculaire (avec un risque d’accident vasculaire cérébral) ou arythmie ventriculaire (avec un risque de mort subite).
Compte tenu d’une possible évolution dramatique de la CMH, l’identification des patients qui devraient recevoir un défibrillateur automatique implantable (DAI) est d’une importance primordiale.
Cependant, les indications de l’implantation d’un DAI restent controversées. Provenant de la société américaine de cardiologie, de la Haute Autorité de Santé (HAS) et de la société européenne de cardiologie, les différentes recommandations reposent sur des études rétrospectives qui présentent des limites importantes :
- Manque de puissance prédictive des caractéristiques sur lesquelles elle est basée,
- Non-prise en compte des marqueurs de risque d’IRM et de génétique récemment identifiés,
- Seuil arbitraire pour l’implantation,
- Non-prise en compte des effets indésirables des défibrillateurs,
- Absence d’évaluation médico-économique.
Par conséquent, et face à cette situation, il est nécessaire et urgent d’apporter des améliorations à la prise en charge de la CMH.
Le projet OPTIM-HCM : une étude prospective pour proposer de nouvelles recommandations
L’objectif principal du projet de recherche OPTIM-HCM est d’améliorer la prise de décision en matière de défibrillateur automatique implantable, en développant un nouveau modèle de prédiction de la mort subite cardiaque dans la cardiomyopathie hypertrophique. Cela permettra une diminution de la mortalité et une meilleure qualité de vie pour les patients.
- La 1ère étude prospective à prendre en compte les marqueurs de risque récents tels que l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et la génétique dans un modèle multivarié, et à intégrer les effets indésirables potentiels du DAI dans la stratégie globale de prise de décision.
- Conçue dans le but de proposer une révision des recommandations internationales pour l’implantation des défibrillateurs chez les patients atteints de CMH.
Le déroulé du projet de recherche OPTIM-HCM
Notre hypothèse est que les données disponibles et mesurables de façon non invasive in vivo en IRM, sont très sous-exploitées dans cette pathologie, malgré leur richesse et leur précision.
L’étude OPTIM-HCM vise donc à générer des données détaillées, innovantes et multimodales complémentaires grâce à l’utilisation des dernières techniques d’imagerie et de génétique, afin de faire évoluer le score de risque de mort subite actuellement utilisé pour la décision de poser un défibrillateur automatique implantable.
Le projet s’appuie sur l’expertise conjointe de notre Core Lab ICAN Imaging, de l’équipe d’imagerie cardiovasculaire de la Pitié Salpêtrière (ICT) et de l’équipe d’imagerie cardiovasculaire du Laboratoire d’Imagerie Biomédicale (LIB, Sorbonne Université, INSERM, CNRS), sous la direction du Pr Alban Redheuil, de Nadjia Kachenoura (DR INSERM) et Khaoula Bouazizi (IR INSERM).
À mi-2023, 600 examens d’IRM cardiaque provenant d’une trentaine de centres en France ont déjà été analysés afin d’étudier les biomarqueurs de la fonction, la structure et la morphologie cardiaque.
- Données étudiées: données cliniques, IRM, échocardiographie, données génétiques, données biologiques
- Durée totale de l’étude : 72 mois
- Budget total: 1 063 698 €
- Porteur du projet: Pr Philippe Charron, PU-PH, Chef de l’équipe de recherche génomique et physiopathologie des maladies du Myocarde (UMR 1166/IHU ICAN) et Coordonnateur du Centre de Référence pour les Maladies Cardiaques héréditaires ou rares (Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP)
Pour aller plus loin, le rôle essentiel de nos mécènes
Le Triomphe du cœur, un fonds de dotation privé en faveur de la recherche sur la mort subite chez l’adulte, s’engage auprès des équipes de l’IHU ICAN pour soutenir le projet OPTIM-HCM.
Nous remercions chaleureusement ce nouveau mécène pour son engagement et sa confiance !
Ce projet a encore besoin de soutien !
Contactez Francine Trocmé (Directrice Mécénat et Communication IHU ICAN) pour en savoir plus sur notre activité de recherche contre la cardiomyopathie hypertrophique, et les modalités de soutien.
Le score SINBAD, un outil utile pour prédire les événements indésirables majeurs du pied chez les patients diabétiques ?
Le score SINBAD, un outil utile pour prédire les événements indésirables majeurs du pied chez les patients diabétiques ?
Face à l’importante progression du diabète au niveau mondial, l’ulcère du pied chez les patients diabétiques est un problème majeur de santé publique. Aux Etats-Unis, le coût est estimé à 80 milliards de dollars chaque année.
Pour lutter contre la progression des plaies du pied diabétique, la médecine recommande une une approche multidisciplinaire, qui permet généralement de réduire le risque d’amputation de 45 à 55% : mise en décharge du pied, traitement de l’infection, chirurgie septique, revascularisation, soins topiques, optimisation du contrôle de la glycémie, prévention de la dénutrition…
Le score SINBAD est un système de notation facile à utiliser permettant le suivi des patients souffrant d’ulcère du pied diabétique. Cependant, son lien avec la survenue d’événements indésirables graves du pied (« major adverse foot events » ou « MAFE » en anglais) n’avait pas encore été étudié.
Les équipes de l’IHU ICAN ont donc mené un projet de recherche afin d’évaluer la relation entre le score SINBAD et les événements indésirables majeurs du pied chez les personnes diabétiques atteintes d’ulcères du pied. Publiées le 31 juillet dans Diabetes/Metabolism Research and Reviews, les conclusions sont résumées ci-dessous et consultables en version complète dans la publication « Use of the SINBAD score as a predicting tool for major adverse foot events in patients with diabetic foot ulcer : A French multicenter study ».
L’objectif du projet de recherche
-
Une hypothèse scientifique à confirmer
L’objectif principal de cette étude était d’évaluer la relation entre le score SINBAD et le risque de survenue d’au moins un des 8 événements indésirables majeurs du pied définis :
- Hospitalisation,
- Chirurgie septique,
- Revascularisation,
- Amputation mineure,
- Amputation majeure,
- Décès,
- Infection,
- Et récidive de l’ulcère.
L’hypothèse de l’étude était qu’un score SINBAD élevé pouvait être un facteur prédictif d’événements indésirables majeurs du pied.
L’objectif secondaire était d’évaluer la relation entre le score SINBAD et la survenue de chacun des événements indésirables.
-
Qu’est-ce que le score SINBAD ?
Le système de score SINBAD est simple et rapide à utiliser, ne nécessitant pas d’équipement particulier en dehors du seul examen clinique et contenant les informations nécessaires pour permettre l’analyse par l’équipe médicale en charge du patient. Il permet de décrire les caractéristiques suivantes de la plaie et de son environnement local et général :
- S(ite) : Localisation de la plaie
- I(schemia) : Ischémie
- N(europathy) : neuropathie
- B(acterial infection) : infection
- A(rea) : surface
- D(epth) : profondeur de la plaie
La méthodologie du projet de recherche
- Etude ancillaire rétrospective.
- Inclusion de 537 patients âgés de plus de 18 ans fréquentant un service d’ulcère du pied diabétique depuis moins de 12 mois dans 6 hôpitaux français.
- Dates d’inclusion: entre le 1er février 2019 et le 17 mars 2019, et entre le 1er février 2020 et le 17 mars 2020.
- Evaluation du score SINBAD à l’inclusion, puis période de suivi de 5 à 6 mois avec une nouvelle évaluation de la fréquence des événements indésirables majeurs du pied.
Les résultats de l’étude
- Un score SINBAD faible (de 0 à 3) a été observé chez 61 % des patients et un score élevé (de 4 à 6) chez 39 % des patients, avec l’observation d’un événement indésirable majeur du pied chez respectivement 24 % et 28 % des patients.
- Les analyses multivariées ont montré une relation significative entre le score SINBAD et les événements indésirables majeurs du pied.
- Le score SINBAD (continu ou dichotomique) à l’inclusion était également significativement associé à 6 des 8 événements indésirables majeurs du pied.
L’étude a prouvé que le score SINBAD pouvait être utilisé par le clinicien, en complément du simple pronostic de cicatrisation et d’amputation, pour évaluer le risque d’événements indésirables majeurs du pied : chaque unité de SINBAD et un score > 4 ont été associés à un risque accru de développer l’un des 8 événements indésirables majeurs du pied.
La conclusion de l’étude est que le score SINBAD est un outil utile pour améliorer la prise en charge de l’ulcère du pied et prédire les événements indésirables majeurs du pied (« major adverse foot events » ou « MAFE » en anglais).
Il peut être utilisé de la même manière que pour l’observation des événements cardiovasculaires indésirables majeurs (« major adverse cardiovascular events » ou « MACE » en anglais) chez les patients présentant un risque cardiovasculaire.
Les acteurs de l’étude
- Dr Georges Ha Van, Antoine Perrier, Service de diabétologie, AP-HP, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris
- Dr Sophie Schuldiner, Service de Maladies Métaboliques et Endocriniennes, Centre Hospitalier Universitaire de Nimes
- Pr Ariane Sultan, Service endocrinologie, nutrition et diabétologie, CHU de Montpellier, PhyMedExp, INSERM U1046, CNRS UMR 9214, Université de Montpellier
- Dr Benjamin Bouillet, Service Endocrinologie et diabétologie, CHU Dijon Bourgogne / INSERM / Université de Bourgogne Franche-Comté, LNC UMR1231, Dijon
- Dr Jacques Martini, Service d’endocrinologie, CHU de Toulouse
- Dr Julien Vouillarmet, Service d’endocrinologie, CHU de Lyon
- Mehdi Menai, Aurélie Foucher, IHU ICAN, Fondation pour l’Innovation en Cardiométabolisme et Nutrition, Paris
- Pr Agnès Hartemann, Dr Olivier Bourron, Sorbonne Université, Service de diabétologie, IHU ICAN, AP-HP, Hôpital Pitié-Salpêtrière