Un nouvel outil de diagnostic pour améliorer les essais cliniques sur la MASH (NASH), ou « maladie du foie gras »
Dans les essais cliniques portant sur les médicaments, la biopsie hépatique est aujourd’hui l’examen requis pour diagnostiquer la stéatohépatite métabolique ou MASH (anciennement appelée NASH). Cette affection, également surnommée « maladie du foie gras », est une maladie du foie qui touche plus de 18% de la population française.
Cependant, la biopsie hépatique est un examen invasif et souvent craint par les patients, rendant difficile la réalisation des essais thérapeutiques.
Le Pr Vlad Ratziu, hépatologue et enseignant-chercheur reconnu dans le traitement de la MASH, a participé à un projet de recherche visant à proposer des solutions alternatives grâce à l’utilisation d’un test sanguin appelé NIS2+™.
Découvrez ci-dessous les principaux enseignements de sa publication scientifique « NIS2+TM as a screening tool to optimize patient selection in metabolic dysfunction-associated steatohepatitis clinical trials », publiée le 5 décembre 2023 dans le Journal of Hepatology.
Qu’est-ce que la MASH ou stéatose hépatique ?
Aujourd’hui, 18,2%* de la population française sont touchés par une stéatose hépatique (MASH – anciennement NASH), une maladie du foie due à une accumulation de graisse d’origine métabolique, indépendante de la consommation d’alcool ou des hépatites virales *(source : cohorte Constances de l’INSERM). Ce chiffre pourrait atteindre 24% d’ici 2030.
Cette maladie cardiométabolique est très souvent la conséquence d’un mode de vie trop sédentaire, associé à un régime alimentaire trop riche en graisses et en sucres. Le risque est une évolution vers des maladies graves comme la cirrhose ou le cancer du foie.
Les personnes atteintes de la MASH sont souvent asymptomatiques et présentent un risque plus important de développer des maladies cardiovasculaires, de l’hypertension artérielle ou du diabète.
La méthode : l’utilisation du test NIS2+™ dans le diagnostic
Une meilleure sélection des patients en amont de la biopsie hépatique permettrait de réduire le taux d’échec dans les essais cliniques.
Les biomarqueurs de fibrose standards (FIB)-4 ne permettent pas de détecter les formes évolutives de la stéatohépatite métabolique (MASH).
Le travail mené par GENFIT, en collaboration avec l’IHU ICAN, a donc comparé les performances du dépistage intégrant le test NIS2+™, basée sur une prise de sang, par rapport aux pratiques actuelles qui consistent à biopsier les patients simplement sur la base de renseignements cliniques peu spécifiques.
Ce test NIS2+™ a été mis au point par la société française biotechnologique GENFIT, à partir d’une large base de données internationale collaborative. Il permet de réduire le nombre de biopsies en ciblant mieux les patients susceptibles d’avoir la maladie recherchée, et de réduire les coûts de réalisation de ces essais.
Une analyse de simulation rétrospective a été menée dans le parcours de diagnostic de la cohorte RESOLVE-IT, en intégrant le calcul et la comparaison des éléments suivants :
- Taux d’échec de la biopsie hépatique,
- Nombre de patients nécessaires au dépistage,
- Estimations du coût global des différents parcours,
- Analyse des biais de recrutement potentiels en fonction de l’histologie, du sexe, de l’âge ou des comorbidités.
Les résultats : une meilleure utilisation des biopsies hépatiques
Cette étude a démontré que l’utilisation du test NIS2+™ dans la sélection des patients pour la biopsie hépatique permettait de réduire considérablement les biopsies inutiles et les coûts de dépistage, ce qui pourrait grandement améliorer la faisabilité des essais cliniques pour lutter contre la MASH.
La cohorte analysée comprenait 1 929 patients, dont 40 % avec une MASH à risque. L’utilisation du NIS2+™ a permis de réduire significativement le taux d’échec de la biopsie hépatique (39 %) par rapport à des biomarqueurs non-spécifiques (58 %) ou au parcours de diagnostic clinique seul (60 %). Ceci s’accompagne d’une réduction significative des coûts associés.
Le test NIS2+™ est un outil de dépistage précis et fiable qui pourrait améliorer le recrutement des patients dans les futurs essais cliniques MASH, et augmenter le confort et la sécurité pour les patients, tout en optimisant la réalisation de l’essai et sa rentabilité.
La clinique NASH (MASH) de l’IHU ICAN
Pour améliorer le diagnostic et la prise en charge plus précoce de la MASH (NASH), les équipes de l’AP-HP et de l’IHU ICAN ont mis en place la clinique NASH en 2019, dirigée par le Pr Vlad Ratziu et le Dr Raluca Pais.
Ce parcours de soins intégré a pour objectif d’optimiser le diagnostic, informer les patients (éducation thérapeutique) et initier une prise en charge globale des personnes atteintes de stéatose hépatique, avec en particulier un diagnostic de toutes les maladies associées (diabète de type 2, hypertension artérielle, dyslipidemies, risque d’infarctus cardiaque ou d’AVC).
L’objectif final est de ralentir, voire stopper, l’évolution de la MASH vers des formes graves (cirrhose, cancer du foie), nécessitant des interventions lourdes comme la greffe du foie.