Prise en charge de l’obésité : quelles sont les recommandations actuelles ?

L’obésité constitue un enjeu majeur de santé publique, touchant 18,1 % de la population adulte en France*, soit près de 10 millions de personnes (source : Observatoire Français d’Épidémiologie de l’Obésité (OFÉO).

Face à ce défi, la Haute Autorité de Santé (HAS) a produit des recommandations de bonnes pratiques cliniques médicales et chirurgicales ainsi que des guides de parcours de soin du surpoids. Elles ont pour objectif d’améliorer la prise en charge des patients atteints d’obésité, en favorisant une approche globale et personnalisée de cette pathologie chronique complexe et des complications associées (diabète, maladies cardiovasculaires, apnées du sommeil…).

  • Quelles sont les recommandations actuelles de l’HAS* sur la prise en charge de l’obésité ?
  • Comment l’IHU ICAN contribue à accélérer la recherche médicale sur l’obésité ?

Découvrez le décryptage du Pr Judith Aron-Wisnewsky (Professeur des universités – Praticien Hospitalier – Service de Nutrition – pôle cardiométabolisme – Hôpital Pitié-Salpêtrière – INSERM UMRS 1269 NutriOmics – Sorbonne Université – IHU ICAN).

Comprendre les niveaux de prise en charge de l’obésité

Selon la dernière classification de l’HAS, le stade de sévérité de l’obésité s’établit non seulement sur l’IMC mais aussi sur 6 paramètres médicaux, incluant :

  • Le retentissement médical (sévérité des comorbidités),
  • Le retentissement fonctionnel et sur la qualité de vie,
  • La présence ou non de troubles psychologiques, psychopathologiques et/ou cognitifs (causes ou conséquence de l’obésité),
  • Les étiologies de l’obésité (génétiques, secondaires…),
  • La présence ou non de troubles du comportement alimentaire (dont l’hyperphagie boulimique),
  • La trajectoire pondérale, prenant en compte le nombre de prises en charge du patient (échec ou non des précédentes prises en charge).

Il existe ainsi 5 stades de sévérité de l’obésité : 1a, 1b, 2, 3a et 3b.

Les patients sont ensuite pris en charge selon leur stade de sévérité dans les 3 niveaux de recours :

  • Niveau 1 : prise en charge par le médecin généraliste (qui est le coordonnateur de la prise en charge de l’obésité) ou infirmière de pratiques avancées avec l’aide d’autres professionnels de la médecine de ville : pharmaciens, infirmiers, sage-femmes, psychologues, psychiatres, médecins du travail, enseignants en activité physique adaptée, masseurs-kinésithérapeutes, ergothérapeutes, éducateurs sportifs, travailleurs sociaux…
  • Niveau 2 : prise en charge par un médecin spécialiste de l’obésité, en libéral ou au sein des établissements de soins publics ou privés,
  • Niveau 3 : prise en charge par un médecin spécialiste de l’obésité dans des centres spécialisés de l’obésité (CSO) ou en hôpital universitaire, notamment pour les cas les plus complexes ou en échec des niveaux précédents.
  • Dans les niveaux 2 et 3, les spécialistes de l’obésité adressent également les patients vers les professionnels paramédicaux suscités.

L’objectif de la prise en charge de l’obésité ne se résume pas à un objectif pondéral mais est aussi d’améliorer la santé du patient et la qualité de vie du patient, voire de revenir à un niveau de prise en charge inférieur.

En cas d’échec de la prise en charge médicale bien conduite au bout de 6 à 12 mois, le patient doit être adressé vers le niveau supérieur de prise en charge jusqu’au niveau 3.

Une prise en charge fondée sur une approche pluridisciplinaire

La HAS (Haute Autorité de Santé) insiste sur la nécessité d’une prise en charge globale de l’obésité, associant des interventions nutritionnelles et d’activité physique, médicales,  et psychologiques (si nécessaire).

Cette approche pluridisciplinaire repose sur plusieurs piliers :

  • Un bilan initial approfondi : il permet d’évaluer le profil du patient, incluant son indice de masse corporelle (IMC), ses comorbidités,
  • L’évaluation clinique médicale/biologique de l’impact de l’obésité et de la sévérité des pathologies associées : diabète, hypertension, pathologies respiratoires et du sommeil, stéatopathie métabolique (MAFLD / MASH), arthrose, atteinte rénale, dépistage des cancers, examen bucco-dentaire, qualité de vie et la recherche des troubles du comportement alimentaire,
  • Un accompagnement nutritionnel personnalisé : il est recommandé de travailler sur les signaux de faim et de rassasiement, et travailler l’alimentation émotionnelle. Les régimes restrictifs ne sont pas recommandés par la HAS.
  • L’activité physique comme levier essentiel : l’objectif est d’intégrer l’exercice de manière progressive et adaptée aux capacités du patient, en insistant sur ses bienfaits métaboliques et psychologiques.
  • Un soutien psychologique, si nécessaire après l’évaluation initiale : les troubles du comportement alimentaire et les impacts psychologiques de l’obésité nécessitent un accompagnement spécifique.

  • Recours aux soins de suite et réadaptation (SSR) : pour les patients présentant des complications sévères ou une perte d’autonomie, une prise en charge en SSR spécialisés peut être indiquée.
  • Une prise en charge médicamenteuse: en cas d’échec d’une prise en charge bien conduite (perte de poids insuffisante à 6 mois), les analogues du GLP-1 ayant l’AMM peuvent être envisagés, en 2eme intention après une prise en charge nutritionnelle bien conduite et sous conditions de primo prescription par un spécialiste.
  • La chirurgie bariatrique en dernier recours : la chirurgie (bypass gastrique en Y, sleeve gastrectomie, anneau gastrique ajustable) est réservée aux patients avec un IMC ≥ 40 kg/m² (ou ≥ 35 kg/m² avec comorbidités) et après échec d’une prise en charge médicale bien conduite d’au moins 6 mois. Une préparation rigoureuse et un suivi à vie sont essentiels pour optimiser les bénéfices et minimiser les complications.

En savoir plus sur la chirurgie bariatrique

L’IHU ICAN, engagé pour une meilleure prise en charge de l’obésité

À l’IHU ICAN, nous intégrons ces recommandations dans nos approches innovantes en combinant médecine de précision, suivi personnalisé avec des stratégies thérapeutiques adaptées et accès aux dernières avancées de la recherche.

Nos chercheurs mettent en place des projets de recherche innovants autour de l’obésité, comme le projet OB-MAT mené par le Dr Elise Basle, qui vise à analyser l’impact de l’obésité maternelle sur le développement cardiaque post-natal.

L’IHU ICAN renforce également ses actions de prévention auprès du grand public afin de mieux sensibiliser sur l’obésité, en associant des structures comme le Collectif National des Associations d’Obèses (CNAO).