Nouvelles recommandations européennes sur la stéatose métabolique
De nouvelles recommandations pour la pratique clinique sur la prise en charge de la stéatose métabolique ont été émises conjointement par 3 sociétés scientifiques européennes regroupant les spécialistes de l’hépatologie (European Association for the Study of the Liver, EASL), du diabète (European Association for the Study of Diabetes, EASD) et de l’obésité (European Association for the Study of Obesity, EASO), et publiées en juin 2024 dans le Journal of Hepatology.
Le Pr Vlad Ratziu (IHU ICAN / AP-HP), hépatologue, a apporté son expertise en participant au comité de rédaction de cette mise à jour des recommandations de pratique clinique qui fait aussi le point sur les connaissances, la prévention, le dépistage, l’évaluation et le traitement de la maladie.
Rappel des notions : stéatose, stéatohépatite, cirrhose et cancer
La stéatose métabolique (en anglais MASLD), correspond à l’accumulation de graisses intrahépatiques (stéatose) survenant en présence d’un ou plusieurs facteurs de risque cardiométaboliques.
La prévalence de cette affection augmente constamment et concerne, selon les pays, entre 25 et 40% des individus. Tous ne développeront pas une forme sévère de la maladie. En effet la présentation couvre un spectre vaste allant des conditions bénignes à des formes, beaucoup plus rares, qui peuvent avoir des conséquences graves pour la santé :
- La stéatose isolée, qui ne progresse habituellement pas,
- La stéatohépatite (stéatose et inflammation du foie) (anciennement NASH), qui peut entrainer la fibrose,
- La fibrose, se constituant progressivement et pouvant évoluer, aux stades ultimes, vers la cirrhose,
- La cirrhose,
- Et le cancer du foie (carcinome hépatocellulaire).
Les nouvelles recommandations européennes
Grâce à une procédure rigoureuse, nommée méthode DELPHI et incluant plus de 80 experts internationaux, les nouvelles recommandations élaborées par le comité de rédaction représentant les trois sociétés savantes, EASL, EASD et EASO proposent une mise à jour des connaissances basée sur la médecine de preuve pour mieux prévenir et diagnostiquer la stéatose métabolique, et éviter des complications sévères.
En résumé, les conclusions comprennent les grandes recommandations suivantes :
- Des stratégies de recherche de cas de stéatohépatite avec fibrose hépatique, utilisant des tests non invasifs, doivent être appliquées chez les personnes présentant des facteurs de risque cardiométaboliques (en particulier en présence d’un diabète de type 2 (DT2) ou d’une surcharge pondérale), des tests hépatiques anormaux ou des signes radiologiques témoignant d’une stéatose du foie.
- Une approche progressive utilisant des scores sanguins (tels que le FIB-4) et, séquentiellement, des techniques d’imagerie (telles que l’élastographie par Fibroscan®) est recommandée, afin de rechercher une fibrose avancée, qui est un facteur prédictif de complications hépatiques.
- Chez les adultes atteints de stéatose métabolique, une modification du mode de vie est essentielle (perte de poids, alimentation plus équilibrée, exercice physique, arrêt de la consommation d’alcool), couplée à une prise en charge optimale des comorbidités, y compris l’utilisation de thérapies à base d’incrétines pour le diabète de type 2, ou de l’obésité, si cela est indiqué.
- La chirurgie bariatrique est également une option pour les personnes atteintes d’obésité sévère avec multi-complications. Selon certains critères, les adultes atteints d’une stéatohépatite non cirrhotique et d’une fibrose hépatique importante peuvent faire l’objet d’un traitement médicamenteux avec le resmetirom, qui a démontré une efficacité histologique sur l’inflammation et la fibrose. Sa mise sur le marché a été obtenue en mars 2024 aux Etats-Unis et est attendue en Europe.
- Pour les patients qui sont arrivés au stade de cirrhose, aucune pharmacothérapie n’est malheureusement disponible, montrant ainsi la nécessité de prévenir la progression de la maladie vers ce stade avancé.
Le rôle de l’IHU ICAN dans la prise en charge de la MASLD et de la MASH
Depuis 2019, l’IHU ICAN a mis en place la 1ère structure hospitalière de diagnostic multiorgane et de prise en charge globale dédiée à la stéatohépatite métabolique, située au cœur de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
Dirigée par le Dr Raluca Pais et le Pr Vlad Ratziu, la clinique MASH est un parcours de soin unique pour améliorer le diagnostic de cette pathologie et la prise en charge des patients qui en sont atteints.