Journée mondiale de l’obésité : zoom sur l’obésité sarcopénique (OS)

Dans le monde, 1,9 milliard d’adultes souffrent de surpoids/obésité, dont 8,5 millions de Français (17% de la population) selon l’enquête épidémiologique nationale Obépi-Roche 2020 [1].

Face à ce fléau mondial, les Nations-Unies ont lancé en 2016 la « Décennie d’Action pour la Nutrition 2016-2025 », qui marque un engagement mondial fort et durable dans la lutte contre la malnutrition sous toutes ses formes (surpoids, obésité, sous-alimentation).

À l’occasion de la journée mondiale de l’obésité, l’IHU ICAN revient un de nos projets de recherche mené pour lutter contre l’obésité sarcopénique (OS).

Obésité et dénutrition : des impacts graves sur le cardiométabolisme

Aujourd’hui, la dénutrition et l’obésité sont des problèmes qui coexistent au sein d’une même population à cause majoritairement des changements de nos modes de vie qui sont les principales causes du développement de l’obésité :

  • Modification de notre alimentation avec des produits de plus en plus transformés
  • Activité physique réduite.

Les maladies liées à la nutrition (obésité et malnutrition), engendrent un fort accroissement des dysfonctionnements physiologiques, notamment des complications cardiométaboliques et musculosquelettiques pouvant être graves.

Les équipes de l’IHU ICAN mènent de nombreux programmes de recherche pour mieux comprendre les causes et les mécanismes de l’apparition des maladies du cardiométabolisme et développer de nouvelles approches pour mieux prendre en charge les patients. L’obésité et la nutrition sont au cœur des préoccupations des médecins et des chercheurs.

L’obésité sarcopénique : qu’est-ce que c’est ?

Au-delà du poids, il est très important d’évaluer l’ensemble de la composition corporelle de chaque individu, car celle-ci varie en fonction des différents phénotypes corporels. L’obésité est une accumulation de graisse corporelle anormale ou excessive, mais lorsqu’elle est combinée à une masse/fonction musculaire réduite, on parle d’obésité sarcopénique (OS).

Les recherches actuelles suggèrent que l’obésité sarcopénique peut être associée à un grand nombre de troubles métaboliques et à un risque accru de mortalité, puisque ces deux conditions agissent en synergie [2], [3]. Par conséquent, l’OS a suscité un intérêt croissant de la communauté scientifique au cours des dernières décennies.

Cependant, une définition universellement acceptée de l’obésité sarcopénique fait défaut à ce jour, car la majorité s’appuie sur des critères qui considèrent séparément la sarcopénie et l’obésité [4], [5].

Il est donc important de mieux définir l’obésité sarcopénique afin de mieux la prendre en charge car cette absence de définition et de valeurs seuils cohérentes constituent une lacune dans la détermination des taux précis de la prévalence de cette maladie[6]. Cela a un impact sur le pronostic des patients majoritairement, chez les individus atteints d’une obésité sévère, car ils ont non seulement une quantité supérieure de tissus adipeux, comme de tissus musculaires, alors que la composition corporelle est impactée dans son ensemble.

Notre étude pour améliorer le diagnostic de l’obésité sarcopénique

Aussi, les équipes de l’IHU ICAN mènent un projet de recherche sur l’obésité sarcopénique afin de mieux la caractériser pour améliorer son diagnostic et proposer une prise en charge personnalisée des patients. Ce projet est mené par :

  • Pr Jean-Michel Oppert, médecin nutritionniste et chef du service de nutrition/obésité au sein de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière,
  • Pr Vlad Ratziu, gastro-entérologue/hépatologue,
  • Vittoria Zambon, chercheuse et nutritionniste.

Il a pour objectif l’élaboration d’une approche diagnostique pour l’Obésité Sarcopénique, spécifique au genre (M/F) pour les personnes en surpoids ou obèse.

Les données de 1427 patients (dont 42.7 % ayant une obésité de grade III) ont été étudiées : examens cliniques, analyses biochimiques et évaluation de la composition corporelle par l’absorptiométrie à rayons X à double énergie (DXA).

Une fois les données répertoriées, la plateforme ICAN I/O dirigée par Maharajah PONNAIAH a mis au point une nouvelle approche basée sur l’IA : unsupervised machine learning.

Cette nouvelle approche innovante permettra d’identifier les phénotypes corporels à risque d’obésité sarcopénique, et ainsi de définir des mesures plus efficaces de dépistage, de prévention et d’intervention dans la gestion clinique de cette maladie, en distinguant les changements dans les tissus musculaires et adipeux. Un diagnostic plus précis et plus précoce permettra également d’anticiper l’apparition ou l’aggravation de comorbidités possiblement associées à l’obésité sarcopénique.

Références

[1]        W. World Health Organization and World Obesity Federation, “Obesity and overweight,” 2020. https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/obesity-and-overweight#:~:text=Facts.

[2]        I. Abete et al., “Association of lifestyle factors and inflammation with sarcopenic obesity: data from the PREDIMED-Plus trial,” J. Cachexia. Sarcopenia Muscle, vol. 10, no. 5, pp. 974–984, 2019, doi: 10.1002/jcsm.12442.

[3]        R. A. Bhanji, A. J. Montano-Loza, and K. D. Watt, “Sarcopenia in Cirrhosis: Looking Beyond the Skeletal Muscle Loss to See the Systemic Disease,” Hepatology, vol. 70, no. 6, pp. 2193–2203, Dec. 2019, doi: 10.1002/hep.30686.

[4]        T. Cederholm et al., “ESPEN guidelines on definitions and terminology of clinical nutrition,” Clin. Nutr., vol. 36, no. 1, pp. 49–64, Feb. 2017, doi: 10.1016/j.clnu.2016.09.004.

[5]        A. J. Cruz-Jentoft et al., “Sarcopenia: Revised European consensus on definition and diagnosis,” Age Ageing, vol. 48, no. 1, pp. 16–31, Jan. 2019, doi: 10.1093/ageing/afy169.

[6]          J. A. Batsis and D. T. Villareal, “Sarcopenic obesity in older adults: aetiology, epidemiology and treatment strategies,” Nat. Rev. Endocrinol., vol. 14, no. 9, pp. 513–537, Sep. 2018, doi: 10.1038/s41574-018-0062-9.