Diabète de type 2 : découverte d’un lien entre le flux aortique et la graisse épicardique
Maladie chronique en forte augmentation, le diabète de type 2 (DT2) touche 3,5 millions de patients en France.
Nous savons aujourd’hui que cette pathologie est un facteur de risque cardiovasculaire, entrainant notamment une augmentation de la rigidité aortique (l’aorte, artère principale de l’organisme, ne possède alors plus les capacités suffisantes pour absorber la pulsation liée au flux sanguin porté par le cœur).
Pour améliorer le diagnostic précoce du DT2, les équipes de l’IHU ICAN ont mené un projet de recherche afin d’analyser le lien entre le flux aortique et la graisse épicardique dans une population de diabétiques de type 2 de l’étude clinique MetaCardis*.
Découvrez ci-dessous les conclusions de la publication scientifique « Associations of aortic stiffness and intra-aortic flow parameters with epicardial adipose tissue in patients with type-2 diabetes » parue le 26 mai 2023 dans Frontiers in Clinical Diabetes and Healthcare.
Une étude du flux aortique des patients atteints de DT2
Avec environ 1 million de personnes non diagnostiquées en France, les facteurs de risque du DT2 constituent des biomarqueurs pertinents à prendre en compte pour déceler la gravité métabolique et prédire l’évolution défavorable de la maladie.
L’objectif du projet était d’évaluer les paramètres du flux aortique chez les patients atteints de DT2 par rapport aux individus sains, afin d’évaluer le lien avec l’accumulation de tissu adipeux épicardique (TAE) en tant qu’indice de sévérité cardiométabolique chez les patients diabétiques.
- Inclusion de 36 patients atteints de DT2 et 29 volontaires sains
- Réalisation d’un examen IRM cardiaque et aortique dans l’Institut de Cardiologie de la Pitié-Salpêtrière
Quels sont les résultats ?
Dans notre étude, la rigidité aortique, représentée par une augmentation du volume du flux arrière et une diminution de la distensibilité, semble être liée au volume du tissu adipeux épicardique (TAE) chez les patients atteints de diabète de type 2 (DT2).
Le tissu adipeux épicardique (TAE), biomarqueur de la sévérité métabolique, était plus élevé chez les patients atteints de DT2 que chez les témoins, et était négativement corrélé à la distensibilité de l’aorte ascendante et positivement au volume de flux de retour normalisé.
L’étude a permis de constater que le phénotype du ventricule gauche était caractérisé par un remodelage concentrique avec une diminution de l’indice de volume systolique malgré une masse globale du ventricule gauche dans une fourchette normale.
Légende : Illustration du tissu adipeux épicardique (en rouge) sur une image cine-SSFP de fin de diastole à axe court médio-ventriculaire d’un témoin sain (A) et d’un patient atteint de diabète de type 2 (B). L’épicarde et le péricarde sont respectivement mis en évidence par des lignes rouges et vertes.
Cette observation devrait être confirmée à l’avenir sur une population plus large en prenant en compte d’autres biomarqueurs spécifiques de l’inflammation et en utilisant un plan d’étude prospectif longitudinal.
Les acteurs de ce projet de recherche
- Khaoula Bouazizi (ICAN Imaging – IHU ICAN, Laboratoire d’Imagerie Biomédicale – LIB, INSERM)
- Mohamed Zarai, Mikaël Prigent (IHU ICAN)
- Dr Abdallah Noufaily (Unité d’Imagerie Cardiovasculaire et Thoracique – ICT)
- Thomas Dietenbeck, Emilie Bollache, Nadjia Kachenoura (Laboratoire d’Imagerie Biomédicale – LIB, INSERM)
- Dr Toan Nguyen, Dr Valéria Della Valle, Pr Eléonore Blondiaux (AP-HP, Service de radiologie, Hôpital Armand-Trousseau)
- Pr Karine Clément, Pr Judith Aron-Wisnewsky (Nutriomics – Nutrition et obésité : approches systémiques, Centre de Recherche en Nutrition Humaine – CRNH)
- Pr Fabrizio Andreelli (IHU ICAN, AP-HP, Service de diabétologie, Hôpital Pitié-Salpêtrière)
- Pr Alban Redheuil (ICAN Imaging – IHU ICAN, AP-HP, Laboratoire d’Imagerie Biomédicale – LIB – INSERM, Unité d’Imagerie Cardiovasculaire et Thoracique – ICT)
*Financé par l’Union Européenne et coordonné par l’Inserm, MetaCardis (Metagenomics in Cardiometabolic Diseases) est un projet de recherche majeur et innovant sur l’impact des changements de la flore intestinale sur l’apparition et la progression des maladies cardiométaboliques et liées à la nutrition. Il a été déployé en 2012 dans 6 pays européens avec l’appui d’un consortium de 14 partenaires. En savoir plus.