Semaine nationale de la santé du pied 2022 : comment prévenir les plaies liées au pied diabétique ?
Impactant plus de 3,5 millions de français, le diabète est une maladie métabolique grave caractérisée par un niveau élevé de sucre dans le sang. Souvent sous-diagnostiquée car pouvant être asymptomatique pendant de nombreuses années, cette maladie en constante augmentation est devenue un enjeu de santé majeur : on estime à 693 millions le nombre de cas en 2045 à travers le monde (étude INSERM en 2019).
Parmi les complications de santé associées au diabète, la plus fréquente est la dégénérescence des nerfs sensoriels et moteurs des membres inférieurs du corps, aussi appelé « pied diabétique ». 15% des diabétiques présentent une ulcération du pied au cours de leur vie et 85% des amputations réalisées chez des patients diabétiques sont dues à une plaie du pied.
Dans le cadre de la Semaine Nationale de la Santé du Pied du 13 au 18 juin 2022, l’IHU ICAN vous présente les travaux de recherche de Jérôme Haddad (MSc Podiatrist – Podologue à l’Hôpital Universitaire de la Pitié Salpêtrière) sur les risques d’ulcération du pied des patients diabétiques.
Le pied diabétique : causes et conséquences
Selon certaines études, la pression plantaire est le facteur de risque principal d’une plaie chronique du pied chez un patient diabétique. En effet, les patients diabétiques neuropathes présentent un épiderme plantaire plus mince et des tissus mous plantaires plus rigides que les non diabétiques, exposant le pied diabétique à une dégradation des tissus cutanés pouvant amener à la formation d’ulcères.
Conséquence des anomalies métaboliques causées par le diabète, l’amplitude de mouvement des articulations du pied et de la cheville est effectivement réduite chez les patients diabétiques neuropathes. Cela entraine des perturbations importantes de la fonction du pied, en raison de pressions plantaires anormalement élevées pouvant provoquer un ulcère chronique du pied. Les patients atteints de ce type d’ulcères présentent une diminution de leur activité physique, une baisse de leur sociabilité, un niveau de stress plus important, et un impact négatif global sur leur qualité de vie et leur bien-être.
Le nombre d’individus souffrant de diabète augmente considérablement à l’échelle mondiale d’années en années ; il est donc essentiel de trouver des solutions pour réduire le taux d’ulcération du pied en lien avec le diabète.
Comment prédire et évaluer les risques de plaies liées au pied diabétique ?
Les travaux de recherche de Jérôme Haddad (MSc Podiatrist – Podologue à l’Hôpital Universitaire de la Pitié Salpêtrière) portent sur la conception et l’évaluation d’un biomarqueur prédictif du risque d’ulcération du pied pour une population de patients diabétiques atteints de neuropathie périphérique des membres inférieurs, par l’utilisation d’outils d’analyses pratiquées en routine clinique.
L’hypothèse de ce projet de recherche est que les plaies des patients diabétiques ne sont pas dues uniquement à la pression, mais également à la déformation dans l’épaisseur des tissus plantaires. Au fur et à mesure de l’avancée dans la neuropathie, les caractéristiques biomécaniques et structurelles du patient se dégradent. La découverte de cette neuropathie ou du diabète intervient souvent trop tard, une fois que la plaie est apparue. En effet, malgré la présence de facteurs de risque, des patients ne présentent pas forcément de plaie.
Il est donc fondamental d’identifier des données à la fois morphologiques et fonctionnelles afin d’étudier le passage de grade 2 au grade 3 chez le patient (voir schéma ci-dessus), et éviter une situation critique. Grâce à la prise en compte de ces 2 types de variables, l’identification d’un biomarqueur qui permette d’établir une norme face au risque de plaie associé à la neuropathie serait une avancée majeure pour lutter contre ce problème de santé publique.
Le projet de Jérôme Haddad prévoit donc, grâce à des outils de routine clinique, de pouvoir proposer un moyen simple d’évaluation et de prédiction des risques de plaies liées au pied diabétique, accessible en médecine de ville.
Comment est structuré ce projet de recherche sur le pied diabétique ?
Le projet prévoit plusieurs phases d’études :
- Etude observationnelle descriptive de la rhéologie cutanée des patientes grades 1, 2 et 3 : In vivo et par simulation numérique,
- Etude prospective observationnelle descriptive des patientes grade 3 en comparent les zones à antécédents de plaies et les zones restées saines : In vivo et par simulation numérique,
- Etude prospective observationnelle longitudinale analytique de cohorte : étude monocentrique sous la forme d’un hôpital de jour intitulé « HDJ dépistage de la neuropathie », avec monitoring prospectif longitudinal de l’ensemble des paramètres au 1er jour, à 6 mois et à 1 an.
N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez en savoir plus sur le déroulé de cette étude.
Quels sont les résultats attendus ?
La création de l’outil a pour but une utilisation dans la pratique clinique, dans la recherche et dans les essais cliniques.
Le projet de recherche prévoit d’explorer plusieurs aspects et hypothèses, comme :
- L’analyse de la cinétique inter patients (exemple : quels individus se déplacent plus rapidement que les autres ?),
- L’évaluation des paramètres dans le temps (Quelle évolution ? Quelle fiabilité des données ?),
- La discrimination de groupes fonctionnels de risque et de groupes qui permettraient de créer une nouvelle gradation fonctionnelle, afin de compléter la gradation habituelle par défaut de baresthésie et de tact fin,
- L’exploration de questions telles que : Est-ce que cette étude amènera à une classification fonctionnelle ? Une clusterisation fonctionnelle ? Un biomarqueur ? Le grade 2 est-il hétérogène ? Peut-on normaliser la pression plantaire à toutes les différentes variables obtenues ? Peut-on créer un algorithme de prédiction ? Est-il possible de discriminer le patient qui entre dans le risque ?
Quels sont les acteurs de ce projet ?
- Jérôme Haddad: MSc Podiatrist – Podologue à l’Hôpital Universitaire de la Pitié Salpêtrière
- Pierre-Yves Rohan : Assistant Professor – Maître de conférences à l’Institut de Biomécanique Humaine Georges Charpak
- Dr Georges Ha Van Praticien-Hospitalier : Podologie en Diabétologie à l’AP-HP, Assistance Publique
- Antoine Perrier Podologue DE : Ingénieur biomécanique, PhD
- Pr Agnès Hartemann : Cheffe de service diabétologie et métabolisme CHU à l’Hôpital de la Pitié Salpetrière
Comment soutenir la recherche lié au pied diabétique ?
Ce projet de recherche innovant est financé par des fonds externes. Les dons sont donc essentiels pour accélérer la recherche médicale et améliorer la prise en charge des patients souffrant du diabète.
- Vous souhaitez soutenir ce projet de recherche spécifique lié au pied diabétique ? Vous pouvez contacter Francine Trocmé par e-mail à f.trocme@ihuican.org ou par téléphone au 01 88 40 64 05.
- Vous souhaitez soutenir l’ensemble des activités de l’IHU ICAN pour lutter contre les maladies du cardiométabolisme ? Faites un don ci-dessous.
Sources des données, issues des recherches de Jérôme Haddad :
• Boulton AJM, Vileikyte L, Ragnarson-Tennvall G, Apelqvist J. The global burden of diabetic foot disease. Lancet 2005
• Boulton A.J.M. et al. 2004
• Etudes Veves et al. (1992), Ahroni et al. (1999), Stess et al. (1997) et Fernando et al. (2013)
• Pirart J. et al 1977
• Chao et al., 2011
• Morag et Cavanagh, 1999, Morag et al., 1997
• Rao et al., 2011, Fernando et al. 1991
• Maluf et Mueller, 2003
• W. G. Meijer, 2001